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29 janvier 2010 5 29 /01 /janvier /2010 19:36
Un beau gros bébé, bien membré, de presque 900 pages. Dan Simmons est un prolifique dans le genre, puisque son Olympos, qui fait suite à Ilium, est du même tonneau, et qu'il a déjà sorti en français (bonne traduction, excellente même parce que très difficile, pour Ilium) un Cycle d'Hyperion en quatre tomes de deux volumes chacun. 12,50 € en moyenne, pour plusieurs longs voyages en TGV…
Selon de vieux clichés de la SF amerlaude, Mars a été terraformée, et son volcan Olympus, qui culmine quand même à 18.000 m, abrite effectivement (dans un avenir lointain) les dieux de l'Olympe, Zeus, Athéna, Apollon et toute la clique, qui se déplacent sur des biges attelés de chevaux volants, équipés d'armes foudroyantes ; pour s'amuser, ils interviennent dans la guerre de Troie qui se déroule loin en-dessous.
Or une civilisation, venue des anneaux de Jupiter ou de je ne sais où, a pêché sur terre des universitaires chargés plus ou moins de contrôler que la guerre se déroule bien conformément au récit d'Homère. Ils ont un bouclier neutronique, la faculté de se transformer en personnages du récit, l'ubiquité ou téléportation quantique, mais ne peuvent le modifier, sinon gare à la Muse vengeresse. Évidemment, l'un de ces "scholiastes", un ancien d'Oxford du temps où la Terre avait une humanité, va en faire un peu trop : coucher avec Hélène, qui se rend bien compte qu'il est plus ardent que Pâris, cela va encore ; mais il finira par convaincre Achille et Hector de se réconcilier pour attaquer ces dieux qui se prennent pour plus importants qu'ils ne sont.
Dans une autre partie de la galaxie, des êtres à configuration aléatoire, un grand scarabée de métal et un polypode (enfin, je suppose) lié à vie aux commandes d'une espèce de submersible, partagent une identique connaissance érudite des sonnets de Shakespeare. Bien qu'aucun des deux n'ait plus d'un pour cent d'humain, ils communient dans l'amour de Shakespeare – et aussi de Proust, mais heureusement l'auteur ne s'étend pas trop sur notre asthmatique national. J'avoue que les analyses littéraires sont tellements fines que j'ai relu les fameux sonnets, en édition anglaise (hélas imprimée en trop petit œil pour ma presbytie). Shakespeare était décidément un génie. Quant à Proust, non, non, au grand jamais vous ne me ferez tenter de relire cet ennuyeux.
Il existe aussi des Terriens, qui vivent cinq fois vingt ans et pensent, au bout de leur siècle, être réutilisés en supra-humains. Mais la cité des supra-humains, dans les anneaux de Neptune, est ruinée, et il apparaît que la vie éternelle n'était qu'un leurre. Sauf pour quelques héros qui se rappellent des choses bien oubliées, comme l'antisémitisme (auquel l'héroïne la plus intéressante a échappé pendant quelques millénaires, en se régénérant grâce à des périodes d'hibernation).
Évidemment, les trois groupes de héros vont converger dans une espèce d'apocalypse, au sens exact du terme, le dévoilement que tout est faux, tout est bidon, aussi bien Achille avec ses gros avant-bras qu'Hélène avec sa science amoureuse, la déesse Aphrodite et les délices inédites qu'elle offre à de rares humains, le vieux Zeus avec sa barbe ridicule… Le cancrelat métallique finit par rencontrer la juive survivante sur la plage d'Ilion en plein incendie de Troie, dont la fin, évidemment, n'est pas exactement conforme à ce que raconte Homère.
On se laisse prendre. Une deuxième lecture permettrait sans doute de décortiquer toutes les influences, Bradbury, Wells et même Werber. Les poncifs du space opera et ceux de la SF à prétentions philosophiques. Et d'être moins filouté par l'extrême habileté et l'immense érudition de Dan Simmons.
Vous savez que vous pouvez me transmettre sur mon site perso vos impressions de lectures sur d'autres bouquins ? Pour ma part, je n'affronterai pas de sitôt les énormes volumes de Dan Simmons. Pas le temps… même le dernier Christian Jacq, qui m'a pourtant fait passer une nuit blanche, je n'ai pas envie d'en rendre compte pour le moment.
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