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2 janvier 2010 6 02 /01 /janvier /2010 18:45
Paul Doherty.

Auteur anglais, publié par 10/18 sous divers pseudos, Doherty ne se concentre pas que sur l'histoire ancienne : il a commis bien d'autre detective stories plutôt classiques, mais agréablement sanguinolentes.
Dans une série, pour le moment de trois romans, l'action se déroule juste après les romans de Margaret Doody (voir la fiche), alors qu'Alexandre entre en Asie et conquiert les possessions du Roi des Rois, Darios III de Perse. Alexandre, 23 ans, est-il le conquérant calculateur qui met en place des stratégies ambitieuses et des tactiques improbables, trompant les meilleurs généraux de l'ennemi (dont des quasi compatriotes, Memnon le thébain en premier) ? ou un comédien habile ? ou un psychopathe ? ou un gamin rongé par un œdipe envahissant, son père Philippe ayant été assassiné, probablement, sur ordre de sa mère, l'encombrante Olympias ?
Il réclame absolument la présence du médecin Télamon, qui fut avec lui disciple d'Aristote, mais, suppose-t-on, sans les relations éphébiques qui accompagnent normalement l'enseignement grec. C'est Télamon qui est l'enquêteurr : médecin du corps, anatomiste (comme Aristote selon Margaret Doody), mais aussi psychanalyste avant l'heure, il examine les rêves d'Alexandre et le fait marcher droit (non, pas droit, puisque c'est ce que l'advesaire attend), du moins entre deux alcoolisations effrénées ; mais non, Alexandre prend soin de couper largement son vin et de verser la plupart de ses coupes dans les plantes vertes, pour mieux profiter de l'ivresse de ses vrais/faux amis. Télamon, non se mettre en danger à maintes reprises, résout des crimes pleins d'imagination. Dans l'air puant des camps militaires, le meurtre le plus révélateur est parfois celui d'un chat…
Dans une autre série, le roi est le pharaon Hatchepsoût, en butte à l'hypocrisie des grands prêtres qui refusent qu'une femme puisse revêtir la double couronne et les deux couleurs de la Haute et de la Basse Égypte. L'enquêteur, qui frôle la mort plus d'une fois, est le juge Amérotkê. Les assassins, plus forts que ceux d'Agatha Christie, utilisent tantôt des seaux d'huile enflammée, tantôt des massues à griffes de léopard, ou un labyrinthe en plus des traditionnels poignards, massues et flèches.
Il y a des énigmes linguistiques, des rébus, des messages secrets (le skylax, qui permet de passer un texte crypté sur un bâton-symbole, a également été utilisé par Peter Tremayne pour l'Irlande paléo-chrétienne), et de ce point de vue je ferai un reproche au traducteur, par ailleurs excellent, du manuscrit de Pythias : le carré magique de 5/5, avec équivalence chiffres/lettres et un alphabet de 24, ne marche pas en grec ; tout simplement parce que les nombres grecs sont exprimés par des lettres, prises dans un alphabet de 26 ! En utilisant des chiffres arabes, on donne la solution au lecteur dès la première apparition du carré.
Les personnages, on l'a vu avec Alexandre, sont complexes, inattendus, et il est bien difficile, par exemple, de conjecturer que le meurtrier principal est A. dans le premier roman de l'épopée d'Alexandre. Les énigmes se nouent et se résolvent parmi les grands, mais la foule n'est pas pour autant omise : les simples archers, les marchands des quais de Thèbes, les prostituées, jouent leur rôle. Les batailles sont narrées avec un réalisme qui évoque, par exemple, l'Austerlitz de Stendhal. Excellente qualité littéraire donc.
Quand à la documentation, pour autant que je puisse en juger, elle est excellente aussi : par exemple, les éléments tactiques nécessaires à la bataille du Granique sont exposés sous forme de dialogues et de descriptions courtes, de nature à instruire n'importe quel anti-militariste.

Chaque volume pèse 300 à 400 pages et se lit facilement dans la journée. Références principales : Sous le masque de Rê, 3894 ; Meurtres au nom d'Horus, 3992 ; La malédiction d'Anubis, 4105 pour le cycle d'Amerotkê ; La mort sans visage, 3738 ; L'homme sans dieux, 3739 ; Le manuscrit de Pythias, 3860, pour celui d'Alexandre ; également la série de Frère Athelstan, sous le nom de Paul Harding, etc.
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